La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°257
Nucléaire et agressions externes: quels risques?

Nouvelles en vrac
 

Réseau «Sortir du nucléaire»
ITER: un projet impossible à financer, un mythe à abandonner tant qu'il est encore temps!
     Plus un sou pour ITER...
     Ce lundi, les ministres européens doivent se réunir pour adopter une feuille de route sur le financement du projet ITER, qui sera ensuite présentée fin juillet à Cadarache aux partenaires internationaux du projet.
     Les partisans de la fusion font face à une contradiction insurmontable. Les coûts annoncés d'ITER ont explosé, atteignant 16 milliards €, dont 7,2 pour la partie européenne (au lieu des 2,7 prévus en 2001) (1). Si les Etats et la Commission Européenne restent unanimes pour soutenir la fusion, ils le sont aussi pour refuser de rajouter un centime de plus au budget, et admettent désormais implicitement l'absence de viabilité du projet (2). Aucun accord politique sur le financement des surcoûts d'ITER n'a été trouvé depuis des mois, et c'est une feuille de route préparée dans une opacité totale qui doit être présentée à la réunion de ce lundi, et adoptée sans discussion préalable.
     Par quel tour de passe-passe les partisans d'ITER pourront-ils dénicher des fonds inexistants pour soutenir ce projet pharaonique? Sur quels budgets bloqués comptent-ils rogner ? La fascination pour la fusion fait décidément perdre toute logique aux décideurs! C'est le moment d'abandonner ce projet inutile, coûteux et dangereux.
     Le Réseau «Sortir du nucléaire» rappelle qu'ITER n'est pas seulement un gouffre financier, qui absorbe plus de 60% des fonds européens destinés à la recherche sur l'énergie, détournant des sommes colossales de vraies solutions d'avenir infiniment plus saines et renouvelables. C'est aussi un projet à haut risques, qui nécessitera l'utilisation de tritium, isotope hautement toxique et volatil de l'hydrogène, en quantité suffisante pour fabriquer des centaines de bombes.
     ITER contribue à entretenir le mythe d'une technologie nucléaire qui répondrait aux problèmes énergétiques de l'avenir. Pourtant, ce projet pharaonique et irréaliste, qui est censé consommer l'équivalent de la moitié de la production d'un réacteur pour une expérience de quelques minutes, n'a jamais été destiné à la production d'électricité. La «quatrième génération» reste une utopie, qui empêche de se tourner vers les alternatives énergétiques.
     Pour le Réseau «Sortir du nucléaire», il est hors de question que les ministres européens persistent à accorder des chèques en blanc pour un tel éléphant blanc, dangereux, coûteux et inutile. L'expérience désastreuse du surgénérateur Superphénix à Creys Malville, réacteur soi-disant révolutionnaire, qui au final aura consommé plus d'énergie qu'il n'en aura produit et aura coûté extrêmement cher, devrait servir de référence aux ministres européens. La seule option de bon sens, plus que jamais, est de renoncer à leur fascination aveugle pour ce mythe scientiste et de mettre fin au projet ITER avant la réunion de Cadarache.
Pour plus d'informations:
http://www.sortirdunucleaire.org/
Contacts presse:
Daniel Roussée: 06 61 97 83 28, Charlotte Mijeon: 06 75 36 20 20
Notes:
     1 - Ce chiffre ne comprend d'ailleurs ni les coûts de fonctionnement, ni ceux du démantèlement à anticiper.
     2 - Déclaration de la Commission européenne du 7 juillet 2010: «La Commission se félicite que le Conseil ait réaffirmé, au point 1du projet de conclusions "combien il juge important de mener à bien le projet ITER". Toutefois, l'approche préconisée par le Conseil ne permettrait pas de résoudre à long terme les problèmes de financement d'ITER et d'assurer la viabilité du projet. La Commission réserve donc sa position sur l'approbation de la base de référence du projet ainsi que son droit de présenter à l'autorité budgétaire des propositions plus appropriées. »
     3 - Selon le Pr. Masatoshi Koshiba, une dose de 1 mg de tritium serait déjà mortelle.
     4 - La conception d'ITER comprend de nombreuses impasses: ainsi, il n'existe encore aucun matériau capable de résister aux températures de l'ordre de 100 millions de degrés Celsius que l'installation est censée supporter!
Iter: la Commission européenne propose des financements supplémentaires issus du 7e Programme Cadre de Recherche et Développement (PCRD)
SOURCE: AEF (Agence d'Information Spécialisée) 

     La Commission européenne propose de «couvrir» le coût supplémentaire de 1,4 milliard € nécessaire au financement 2012-2013 d'Iter, le réacteur thermonucléaire international expérimental, annonce-t-elle, mardi 20 juillet 2010. Elle réserverait 100 millions € issus du 7e PCRD en 2012, 360 millions € en 2013, et ferait un «virement initial de crédits inutilisés provenant d'autres budgets de l'UE vers le budget consacré à Iter, pour un montant de 400 millions €.

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Un autre transfert du même type sera précisé plus tard; le processus débutera dans le contexte de la concertation budgétaire en novembre», précise-t-elle. Cette révision a été rendue «nécessaire par la forte augmentation globale du coût d'Iter, qui a porté le montant à financer par l'Europe à près de 7,2 milliards au lieu des 2,7 milliards € prévus au départ», rappelle la Commission.
     Le Parlement européen et le Conseil des ministres doivent à présent «accepter la proposition de modification du cadre financier pluriannuel actuel pour 2007-2013», indique la Commission. Elle souligne qu'elle est désormais en mesure de soutenir - sous réserve de l'accord ultérieur de l'autorité budgétaire - l'adoption de la «base de référence» d'Iter, c'est-à-dire le calendrier de la construction et les coûts associés, lors de la réunion extraordinaire du Conseil de l'organisation internationale Iter qui aura lieu les 27 et 28 juillet 2010 à Cadarache (Bouches-du-Rhône).


Contribution de l'UE de 6,6 milliards € jusque 2020
     Le Conseil des ministres du 12 juillet 2010 a chargé la Commission d'adopter comme «base de référence» une «contribution de l'UE de 6,6 milliards €, principalement en nature, pour 2007-2020». Dans ses conclusions, le Conseil a souligné sa «détermination à mener à bien le projet Iter et en a approuvé les besoins de financement estimés». Il a préconisé des «mesures strictes de maîtrise des coûts afin qu'il soit possible d'apporter la contribution nécessaire malgré le fait que ce budget [soit] inférieur aux 7,2 milliards € estimés au départ par F4E (Fusion for energy), l'agence de l'UE qui gère la participation de celle-ci au projet».
     «L'UE doit faire preuve d'imagination et de détermination pour surmonter les difficultés financières actuelles et honorer son engagement envers ce projet au niveau international. La solution que nous proposons aujourd'hui est équilibrée; nous pensons qu'elle peut répondre aux aspirations du Conseil comme du Parlement européen, tout en cadrant avec les objectifs d'Europe 2020, parmi lesquels le maintien et l'accroissement des investissements dans la recherche et l'innovation figurent au premier rang», déclarent Janusz Lewandowski, commissaire européen au Budget et à la Programmation financière, et Maire Geoghegan-Quinn, commissaire européenne à la Recherche et à l'Innovation.
     Iter, dont le siège est à Cadarache, est un projet collaboratif international, regroupant l'UE (Euratom), les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Inde, la Russie et la Corée du Sud, destiné à «démontrer le potentiel de la fusion nucléaire comme source d'énergie». L'accord conclu entre les sept parties est entré en vigueur le 24 octobre 2007. Iter a été identifié dans le Set plan (plan stratégique pour les technologies énergétiques) comme l'un des jalons en termes de technologies clés à long terme pour répondre aux objectifs de 2050 de réduire les émissions de CO2 et la dépendance énergétique.
Iter: le conseil d'administration approuve le calendrier et le financement
     Le conseil d'administration de Iter Organization, maître d'ouvrage et exploitant d'Iter (réacteur expérimental de fusion thermonucléaire) a «unanimement approuvé le 'scénario de référence' qui lui a été présenté, lequel inclut le calendrier, ainsi qu'un plafonnement du coût du projet», indique l'organisation. Il s'est réuni en session extraordinaire le 28 juillet 2010 à Cadarache (Bouches-du-Rhône), rassemblant les délégués des sept membres d'Iter, la Chine, l'UE, l'Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les Etats-Unis, ainsi qu'un observateur de l'AIEA (agence internationale de l'énergie atomique). Les délégués au conseil Iter ont été accueillis par Bernard Bigot, administrateur général du CEA et haut représentant pour la réalisation en France d'Iter, s'exprimant au nom de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et de Pierre Lellouche, secrétaire d'État aux Affaires européennes. «C'est un moment décisif dans l'histoire de ce programme scientifique particulièrement ambitieux: nous entrons aujourd'hui dans la phase de construction du réacteur», déclare-t-il.
     Lors du conseil, les Etats membres de l'UE ont accepté une contribution de celle-ci «plafonnée à 6,6 milliards €, principalement en nature, pour 2007-2020», dont «1,4 milliard supplémentaires pour les années 2012-2013». Il s'agit de la proposition récemment faite par la Commission européenne, qui souhaite couvrir ce coût en puisant dans des «fonds du 7e PCRD» et des «crédits inutilisés provenant d'autres budgets de l'UE» (AEF n°135419).
   Quant au calendrier, il prévoit «l'obtention du premier plasma (gaz ionisé qui conduit l'électricité) au mois de novembre 2019», signale l'organisation. Le conseil Iter a recommandé «d'explorer la possibilité d'optimiser le calendrier» pour premiers tests avec combustibles (deutérium - tritium) en 2026 au lieu de 2027.
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Nouveau directeur général
     Lors de sa réunion extraordinaire, le conseil Iter a également nommé Osamu Motojima à la fonction de directeur général d'Iter organization. Le physicien japonais remplace Kaname Ikeda, «qui assumait ces fonctions depuis le mois de novembre 2005, et qui avait exprimé le souhait de quitter son poste dès que le 'scénario de référence' aurait été adopté». Ancien directeur général du NIFS (National institute for fusion science), institut de recherche japonais sur les sciences de la fusion, Osamu Motojima avait notamment «supervisé la construction du LHD (Large helical device), une machine de fusion».
     Iter, qui sera bientôt la «plus grande installation expérimentale de fusion jamais construite», est un projet collaboratif international destiné à «démontrer le potentiel de la fusion nucléaire comme source d'énergie». L'accord conclu entre les sept parties est entré en vigueur le 24 octobre 2007. La contribution de l'Europe représente 45% du coût de construction, celle des six autres membres devrait s'établir à 9% chacun. Iter a été identifié dans le Set plan (plan stratégique pour les technologies énergétiques) comme l'un des jalons en termes de technologies clés à long terme pour répondre aux objectifs de 2050 de réduire les émissions de CO2 et la dépendance énergétique.
Iter: «La France va devoir doubler son financement, qui va ainsi passer de 600 millions à 1,1 milliard €» (Bernard Bigot, CEA)
     «La France va devoir doubler son financement, qui va ainsi passer de 600 millions € à 1,120 milliard €. En fait, elle a accepté de payer 20% sur les 45% de la part européenne, soit 9% du financement total, tout comme les Etats-Unis, par exemple. En contrepartie, la France bénéficie de retour financier avantageux dû à l'emplacement du site à Cadarache», affirme Bernard Bigot, administrateur général du CEA, à propos d'Iter (réacteur expérimental de fusion thermonucléaire). Après le conseil Iter (soit les sept membres partenaires d'Iter : la Chine, l'Union européenne, l'Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les Etats-Unis.), réuni en session extraordinaire les 27 et 28 juillet 2010 à Cadarache (Bouches-du-Rhône), Bernard Bigot revient pour AEF sur les décisions qui ont été prises, notamment sur l'augmentation du budget et le calendrier. Il évalue le poids de la contribution française et donne les prochaines étapes de construction.
     AEF: Quel est le rôle de l'administrateur général du CEA par rapport à Iter?
     Bernard Bigot: J'ai été nommé en 2007 «haut représentant français pour la réalisation en France d'Iter». C'est une fonction interministérielle, qui permet la coordination des services de l'Etat en réponse aux engagements pris par notre pays en 2003 à l'égard de l'Organisation Iter. J'ai, à ce titre, fait partie de la «commission d'urgence Iter», un groupe de travail mis en place par la présidence espagnole de l'UE pour favoriser l'échange d'informations entre les Etats membres de l'UE et la Commission européenne. Elle s'est réunie quatre fois au mois de juin afin de trouver un consensus sur l'avant-projet détaillé, comprenant notamment le calendrier et le partage des coûts du projet.
     AEF: Quelles sont les avancées validées au conseil Iter des 27 et 28 juillet 2010 à Cadarache?
     Bernard Bigot: Les Etats membres de l'UE ont approuvé officiellement l'avant-projet détaillé avec un plafond de financement pour 2007-2026, désormais fixé à 6,6 milliards €. Il sera seulement réactualisé en fonction de l'inflation. Jusqu'au 12 juillet, la Commission européenne n'avait pas proposé de financement précis. Finalement, le 28 juillet, nous avons pu atteindre un accord unanime, entre les sept partenaires d'Iter. Le conseil Iter a aussi nommé un nouveau directeur général à la tête de l'Organisation Iter, le professeur Osamu Motojima.
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     Il a également pris la décision d'améliorer la gouvernance, car après une phase d'installation et de réflexion, nous entrons dans une phase de construction industrielle d'un projet dont le coût est d'environ 12 milliards €.
     AEF: L'UE vient de décider d'augmenter sa contribution. Qu'en est-il des autres membres d'Iter?
     Bernard Bigot: Les six autres Etats partenaires avaient déjà assumé l'augmentation du coût au titre de leur participation, qui a été fixée à 9,1% du coût total depuis la signature de l'accord en 2006. Le surcoût aujourd'hui constaté fait environ doubler la part de chacun. Mais Iter est une machine unique, et un projet trop attractif pour que ces pays y renoncent, même si leur contribution doit augmenter. Ce surcoût est dû entre autres à la hausse du prix des matières premières et de l'ingénierie en Europe. Les Etats-Unis, et d'autres, avaient alerté l'Europe sur le fait que si l'opération n'était pas lancée maintenant, ils subiraient encore un renchérissement des coûts, avec des difficultés supplémentaires que l'on imagine aisément.
     L'accord international Iter, signé pour 35 ans, fait en sorte qu'un pays partenaire ne puisse pas quitter le projet sans répondre à l'obligation d'apporter sa contribution financière, prévue lors de l'engagement en 2006. Mais, il fallait absolument parvenir à un accord en juillet, sinon, certains pays auraient eu plus de difficultés pour maintenir cet engagement. C'est pour cela qu'il y a eu une certaine pression sur l'Union européenne, la dernière dont on attendait une réponse depuis novembre 2009.
     AEF: A combien s'élève la contribution française dans ce projet?
     Bernard Bigot: La France va également devoir doubler son financement, qui va ainsi passer de 600 millions € à 1,120 milliard €. Elle va aussi contribuer au budget européen à hauteur de 16% qui est la valeur de sa contribution au PIB européen. En fait, elle a accepté de payer 20% sur les 45 % de la part européenne, soit 9% du financement total, tout comme les Etats-Unis, par exemple. En contrepartie, la France bénéficie d'un retour financier avantageux dû à l'emplacement du site à Cadarache, et donc d'un avantage compétitif pour ses entreprises, par exemple pour la construction de bâtiments. L'installation d'entreprises japonaises, américaines et indiennes sur le sol français, pour obtenir des contrats avec Iter, est aussi intéressante pour la France qui bénéficiera de parts. Il y a aussi les 450 salariés de l'Organisation Iter, qui sont basés en France et contribuent à l'activité économique de notre pays.
     AEF: Concrètement, quelles sont les prochaines étapes de constructions?
     Bernard Bigot: La construction du bâtiment du siège Iter, par une entreprise française, a débuté le 2 août pour une livraison début 2012. La responsabilité de la construction revenant à la France et au CEA, nous avions anticipé et lancé les appels d'offres en amont. De même, le chantier du grand bâtiment de fabrication des bobines poloïdales de 200m de long et 30 m de large - un marché de 42 millions € - est déjà en route depuis quinze jours. Quant à l'excavation du tokamak (installation capable de produire les conditions nécessaires pour obtenir une énergie de fusion), qui sera de 20 m enfoui sous le sol et de 50 m au-dessus, débute dans huit jours. Pour construire ces équipements, nous avons étalé les opérations dans le temps pour éviter que les grandes entreprises mondiales n'abandonnent leurs autres commandes. L'obtention du premier plasma (gaz ionisé qui conduit l'électricité) est prévue pour novembre 2019.
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EPR –DEBAT PUBLIC DE PENLY
QUESTIONS DU RESEAU «Sortir du NUCLEAIRE»
Question 4 : Résistance des matériaux
     A la question 63 posée par Long Nguyen Than, sur le "matériau qui résiste à 2.800° C sans fondre?" il a été répondu implicitement par EDF qu'aucun matériau au sein de l'EPR ne résistait à cette température, la seule astuce étant d'avoir un béton qui en fondant absorbait suffisamment d'énergie pour ne pas faire fondre la fonte. Ceci concernait le récupérateur de corium. Hélas de telles températures ne sont pas observées seulement à cet endroit en situation (pré) accidentelle.
     En effet selon les propres dires d'EDF la température du combustible pourrait atteindre 2.779 °C, soit 2.800 °C en utilisant les deux chiffres de précision usuellement retenus.
     Le programme international Phébus PF (produits de fission) a permis d'observer que:
     1. la température de fusion du combustible est de l'ordre de 600 °C plus basse que la température de fusion de l'oxyde d'uranium pur, soit entre 2.000 et 2.300 °C.
     2. la gaine du combustible se détruit entre 1.160 et 1.330°C.
Source: IRSN, Rapport scientifique et technique 2002
     Or selon les documents d'EDF publiés par le Réseau "Sortir du nucléaire":
     1. la température des gaines du combustible pourrait atteindre 1.458 °C.
     2. La température du combustible pourrait atteindre 2.779 °C.
     Nous voyons donc que l'expérimentation montre que les matériaux ne résisteraient pas à une situation possible aux dires même d'EDF.
     D'où les questions suivantes:
     - est-ce que la précision extravagante des 2.779 °C n'est pas un artefact ayant pour but de rester sur le papier en deçà de la température théorique de fusion de l'oxyde d'uranium (2.800 °C)?
     - est-ce que les mesures ou calculs ont été faits par EDF? Par Areva? Par des sous-traitants? Par des experts indépendants? Dans les deux derniers cas, il sera précisé lesquels.
     - s'il s'agit de calculs, quels sont les processus physiques, chimiques et radioactifs qui ont été pris en compte? Lesquels ont été ignorés?
     - s'il s'agit de mesures,
     * quel est l'échelle du démonstrateur utilisé?
     * du fait des facteurs d'échelle, quelle est la précision de l'extrapolation des mesures?
     * Pour rappel les onze réacteurs de recherche du CEA dont Phébus (voir ci-dessus) sont à l'échelle 1/5.000 ce qui revient à laisser un constructeur automobile pratiquer ses crashs tests sur une maquette de voiture de 1 mm (un millimètre)! Quel serait le crédit accordé à un tel constructeur automobile?
     * comment EDF peut-il se permettre de prédire au degré près, soit à une précision de 4 chiffres significatifs la température maximale du combustible et des combustibles? Il sera tenu compte dans la réponse les faits suivants:
     * la précision usuelle en science n'excède pas les 2 chiffres significatifs (EDF prétendant donc être 100 fois plus précis que les calculs usuels, ce qui au vu des écarts entre modèles et expériences est tout simplement ridicule)
     * le mode de fonctionnement du réacteur n'est pas figé pour le moment. Il devra donc être précisé pour:
     * quelle puissance thermique, quel combustible (UOX, MOX, proportion de plutonium, taux d'enrichissement de l'uranium, etc.).
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     * quel mode opératoire (gestion Galice ou autre, Retour Instantané de Puissance ou non, etc) et montrer qu'il s'agit du cas le plus défavorable. EDF devra naturellement s'engager à ne pas sortir de l'épure ensuite, sauf à reprendre tous les calculs et mesures en laboratoire et demander les autorisations ad hoc. Il sera en outre précisé si les chiffes sont issus de calculs ou de mesures. Pour les deux températures, il sera précisé le cas échéant en quoi ces chiffres constituent des majorants des valeurs possibles une fois le réacteur opérationnel (si bien sûr il devait voir le jour et être mis en marche).
     * la température atteinte a pour conséquence la production massive et extrêmement rapide d'hydrogène, dans quelle mesure les catalyseurs ne provoqueront-ils pas la destruction du réacteur au lieu de l'éviter? Rappelons qu'un seul crayon de combustible peut se mettre à produire "près de 20.000 MW en quelques microsecondes" (source CEA : http://www.cea.fr/) soit 4 fois la puissance nominale de l'EPR qui comporte plus de 500.000 crayons de la sorte! A Three Mile Island (1979), le pourcentage d'hydrogène alors qu'il n'y avait qu'une fusion partielle du cœur (80% tout de même), a atteint 8% alors que l'explosion spontannée de l'hydrogène a lieu dès 15% avec destruction totale de l'enceinte.
     - comme au vu de l'étude publiée par l'IRSN, le combustible et les gaines ne tiendront pas, que les documents internes d'EDF semblent indiquer qu'un nombre conséquent de gaines pourraient rompre et entraîner une crise d'ébullition dépassant largement les 1% de combustible cassé, quelles seront les conséquences concrètes les plus graves pouvant arriver dans un tel cas ? 
     - comment EDF peut être si confiant alors que cette semaine encore, la commission américaine de régulation nucléaire demandait à AREVA plus d'informations concernant les systèmes de sécurité du réacteur EPR? (source Invertir.fr: "AREVA CI: Etats-Unis inquiets de la sécurité du réacteur EPR"  http://www.investir.fr/)

COMMENTAIRE GSIEN (R. Sené)
     A propos des  gaines
     Pour la question (angoissante?) de la tenue des gaines aux hauts taux de combustion, il y a des éléments (théoriques et appliqués) dans un bouquin de Yves Quéré: "Physique des matériaux" , ed Ellipses - 1988 (Yves Quéré était prof à l'Ecole Polytechnique). C'est lui qui avait analysé et expliqué le phénomène de gonflement des gaines dans les réacteurs à neutrons rapides.
     Or, aujourd'hui, avec les hauts taux de combustion envisagés sur l'EPR, on retombe sur les mêmes problèmes, au détail près que la compréhension et les tentatives de parades ont progressé.
     Je me souviens qu'une des raisons de la non compétitivité économique de "SuperFuitix" était qu'il ne pouvait atteindre les taux de combustion envisagés pour, entre autres, la raison, primordiale, de la tenue des gaines.
     De même, il s'est avéré que cette raison venait contrarier les programmes alternatifs qui lui étaient donnés dans le cadre de sa transformation en machine "d'expérimentation sur les combustibles". Pour certaines "manip", il fallait envisager de re-gaîner les aiguilles de combustible d'essai pour qu'elles puissent atteindre la fluence intégrée souhaitée.
     Cette question de tenue des gaines (ainsi que celle du combustible) est essentielle, car elle conditionne en grande partie le paramètre de rentabilité économique de l'EPR.

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RAPPORT IRSN DSR N°316
Introduction d'un nouveau matériau de gainage du combustible
     En 1988, EDF a lancé un programme d'introduction de nouveaux types d'assemblages de combustible dans les réacteurs. Les gaines des crayons de ces combustibles sont en alliage de zirconium appelé «M5». Toutefois, dès 2001, l'apparition de fuites de gaines des assemblages de combustible équipés de crayons en alliage M5 a mis en doute la fiabilité de ce matériau. Les problèmes d'exploitation rencontrés ont conduit l'IRSN à recommandé qu'EDF réalise des investigations relatives à l'origine des pertes d'étanchéité constatées et ralentisse le rythme de déploiement d'assemblages de combustible avec gaines en alliage M5 sur le parc. Le problème a été pris très au sérieux par le fabricant de ces assemblages et par EDF qui ont mis en place des actions correctives dont l'effet est encore aujourd'hui suivi par l'IRSN. 

Contexte – Historique d'introduction 
     Les gaines des crayons des assemblages de combustible constituent la première «barrière» de confinement des produits de fission. Pour les réacteurs du parc d'EDF, elles ont d'abord été réalisées en zircaloy 4, un alliage métallique à base de zirconium contenant de l'étain et d'autres éléments. Le zirconium est utilisé pour les gaines notamment parce qu'il absorbe peu les neutrons. Toutefois, dans un souci d'amélioration des performances du matériau de gainage permettant d'atteindre des taux de combustion plus élevés, EDF met en œuvre depuis plusieurs années sur son parc de réacteurs un alliage dit Massif 5 (M5) produit par AREVA-NP, comportant du niobium et d'autres additifs; cet alliage a été développé en vue d'améliorer la résistance à la corrosion et à l'hydruration (ou absorption d'hydrogène) du gainage. L'alliage M5 se distingue également du zircaloy 4 par des vitesses de déformation sous irradiation différentes et, en particulier, par un grandissement plus faible (le grandissement est l'accroissement de la longueur des gaines des crayons sous l'effet de l'irradiation neutronique). 
     L'introduction en réacteur de l'alliage M5 a débuté en France en 1988 avec le chargement de quelques crayons de combustible dans le cadre du programme de développement dit «X1 première phase» d'AREVA-NP. Il s'agissait alors d'une variante de l'alliage M5 actuel. L'introduction de crayons à gainage en alliage M5 recristallisé s'est ensuite poursuivie entre 1990 et 1996 dans le cadre de quatre programmes expérimentaux dits de «pré- qualification» visant à tester différentes nuances d'alliage.
     La qualification à l'échelle industrielle du gainage en alliage M5 n'est intervenue qu'en 1999 avec l'introduction à titre expérimental d'une première recharge complète dans le réacteur de Nogent 2. Les gaines des crayons étaient alors en alliage M5 mais la structure des assemblages (grilles de maintien...) était toujours en zircaloy 4. Ce n'est qu'en 2004 que le premier chargement d'assemblages «tout M5» est intervenu dans la tranche 2 de la centrale de Nogent. Pour l'heure, des recharges tout M5 sont en cours d'irradiation dans trois réacteurs de 1.300 MWe et les quatre réacteurs de 1.450 MWe.

Retour d'expérience de l'introduction de l'alliage M5
     La fiabilité des crayons à gainage en alliage M5 a été mise en doute dès 2001 du fait de l'apparition de fuites. Le bilan dressé en 2004 faisait apparaître un taux de défaillance des crayons en alliage M5 quatre à cinq fois supérieur à celui des crayons à gainage en zircaloy 4. Au total, entre 2001 et 2008, une trentaine de fuites d'assemblages de combustible à gainage en alliage M5 ont été détectées. A ce jour, EDF a mis en évidence trois types de défauts à l'origine des pertes d'étanchéité des crayons de combustible à gainage en alliage M5. 
     Deux types de défauts concernent les soudures entre les tubes et les bouchons. Différents procédés de soudure sont utilisés pour la fabrication des crayons de combustible:
     - le soudage laser permet de réaliser une soudure circulaire au moyen d'un faisceau laser induisant une fusion des matériaux de la gaine et du bouchon, 
     - le soudage TIG (Tungstène Inerte Gaz) est un procédé de soudure à l'arc induisant une fusion des matériaux de la gaine et du bouchon, en utilisant  une électrode non fusible et un gaz inerte pour protéger l'électrode, 
     - le soudage USW (Upset Shape Welding): dans ce procédé, l'échauffement provient de la résistance des pièces à souder à un courant électrique. Une force de rapprochement est appliquée sur les éléments à souder. 
     Le premier type de défaut affecte les soudures circulaires des bouchons (inférieurs ou supérieurs) en alliage M5 réalisées par le procédé par laser. 
     Les défaillances d'étanchéité constatées, qui concernent 7 crayons au total, se sont produites au cours des 1ers, 2èmes ou 3èmes cycles d'irradiation de l'assemblage en réacteur. Ce type de défaut serait lié à la présence d'un polluant entraînant un percement ponctuel sur une portion bien délimitée du cordon de soudure pendant l'irradiation dans le réacteur.
     Selon EDF, les investigations conduites ont montré la sensibilité du procédé de soudage par laser à une pollution solide, très vraisemblablement de l'aluminium. 
     Le second type de défaut affecte des soudures de queusot (orifice par lequel se fait la pressurisation à l'hélium du crayon pour lui permettre de résister à la pression du circuit primaire) du bouchon supérieur réalisées avec le procédé TIG. Les pertes d'étanchéité constatées, qui concernent au total 9 crayons de combustible, se sont manifestées au cours des premiers cycles d'irradiation. EDF a indiqué qu'il s'agissait dans tous les cas de crayons de combustible ayant fait l'objet d'une reprise de soudage (sans changement de bouchon). La combinaison de doubles passages du crayon en chambre de soudage (résultant d'un défaut d'amorçage de la soudure plus fréquent avec l'alliage M5 qu'avec le zircaloy 4) et d'une sensibilité moindre des bouchons de zircaloy 4 à la pollution par l'oxyde d'uranium présent lors de la fabrication, expliquerait la fréquence plus élevée de ce type de défauts constatée sur les crayons à bouchon en alliage M5. 
     Enfin, un troisième type de défaut affecte certains assemblages de combustible au cours de leur premier cycle d'irradiation; en 2008, des marques de type poinçonnement et des percements ont été observés. L'analyse a montré que, pendant la fabrication, les opérations d'insertion des crayons à gainage en alliage M5 dans les grilles de maintien de ces crayons peuvent créer des copeaux. Ces copeaux sont à l'origine de pertes d'étanchéité (au nombre de 12) de crayons à gaine en alliage M5 du fait de leur usure par fretting (usure résultant de mouvements oscillatoires de petite amplitude) associée aux copeaux restés coincés sous les ressorts des grilles. 

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Actions correctives mises en œuvre 
     Afin de retrouver au plus vite une fiabilité des crayons de combustible en alliage M5 au moins équivalente à celle des crayons à gainage en zircaloy 4, différentes actions correctives ont été mises en place par EDF:
     - en 2005, l'amélioration de la propreté dans les différentes usines de fabrication de combustible pour se prémunir des risques de pollution, 
     - à compter de début 2007, l'utilisation d'un procédé de soudage moins sensible à la pollution; il s'agit du «procédé USW» en remplacement des procédés par laser et TIG. De par la mise en œuvre du procédé USW, il n'y a plus nécessité d'un queusot dans le bouchon supérieur (mise en pression du crayon et soudage en simultané), 
     - le remplacement des bouchons en alliage M5 par des bouchons en zircaloy 4, 
     - la réduction de la production de copeaux lors des opérations d'insertion des crayons dans les assemblages de combustible en réduisant la vitesse d'insertion des crayons, 
     - la modification des conditions de maintien des crayons dans les grilles.

Le point de vue de l'IRSN 
     Dès les premières pertes d'étanchéité qui ont affecté le réacteur n°2 de la centrale de Nogent en 2001, l'IRSN a souligné l'importance d'étudier dans les plus brefs délais l'origine de ces pertes d'étanchéité et considéré qu'une généralisation au parc de l'utilisation du type d'assemblage impliqué était prématurée. De 2003 à 2006, EDF a lancé une série d'investigations en usine, d'essais et d'expertises approfondies afin de déterminer l'origine des pertes d'étanchéité et a pris les dispositions correctives mentionnées ci-dessus. 
     En 2006, des pertes d'étanchéité continuant à se produire, l'ASN a estimé qu'il était nécessaire «d'adopter une démarche prudente» quant à l'introduction d'assemblages de combustible à gainage en alliage M5 et a estimé nécessaire que «le dialogue technique se poursuive notamment sur [...] la fiabilité des fabrications d'assemblages en alliage M5 ». 
     Des éléments de compréhension contribuant à apprécier les différentes causes de perte d'étanchéité ont été transmis. Toutefois, l'IRSN constate que ceux-ci ne permettent pas d'expliquer sur le plan de la métallurgie la sensibilité particulière des crayons à gainage et bouchons en alliage M5 aux polluants suspectés (aluminium et oxyde d'uranium selon les procédés mis en œuvre). Des actions visant à comprendre l'origine de cette sensibilité des crayons de combustible aux conditions de soudage doivent être entreprises. 
     Comme indiqué plus haut, il est indéniable que les problèmes de fiabilité des crayons utilisant l'alliage M5 ont été pris au sérieux par le fabricant. Toutefois, l'efficacité des actions correctives ne pourra être appréciée que sur la base du retour d'expérience de l'irradiation de recharges «tout M5» qui sont ou seront introduites dans les tranches de 1.300 MWe et 1.450 MWe. Aussi, dans l'attente de la transmission d'éléments complémentaires de la part d'EDF, l'introduction de nouvelles recharges utilisant l'alliage M5 a été limitée par l'ASN sur le conseil de l'IRSN aux 3 réacteurs de 1.300 MWe ayant déjà chargé des assemblages en alliage M5 (sur les 20 réacteurs de ce type que compte le parc nucléaire). A ce jour, du combustible à gainage en alliage M5 est présent dans 17 réacteurs de 900 MWe, trois réacteurs de 1.300 MWe et les quatre réacteurs de 1.450 MWe. 
     L'IRSN souligne ici que l'introduction en réacteur d'un nouveau type de combustible, de même que toute modification concernant la fabrication des combustibles, est susceptible d'entraîner des conséquences inattendues en termes de performances. C'est pour cette raison que l'IRSN a depuis toujours recommandé une approche prudente qui se traduit par un processus long et progressif dont les étapes successives doivent être respectées afin de pouvoir disposer d'un retour d'expérience suffisant avant de procéder à toute nouvelle étape.


CRILAN : Association loi 1901, agréée au titre de l'article L.141-1 du code de l'Environnement.
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COMMUNIQUE du 11 /08/2010
SURETE du REACTEUR NUCLEAIRE EPR: les PARIS RISQUES d'EDF...

     Après avoir difficilement admis 2 ans de retard à la mise en service du réacteur EPR de Flamanville, après le premier coup de semonce donné par les trois autorités de sûreté, anglaise, finlandaise et française à propos du système «contrôle-commande» du réacteur, alors que l'Autorité de sûreté nucléaire vient de demander à EDF d'apporter des éléments supplémentaires de robustesse à ce même contrôle commande (http://www.irsn.fr/1), EDF se résoudra-t-elle à reconnaître publiquement les incertitudes liées à l'interaction gainage - combustible de son réacteur  EPR? 
     Dans un communiqué du 11 juillet 2010, intitulé «Rebondissement quant à la sûreté du réacteur EPR», le CRILAN demandait à l'Autorité de Sûreté Nucléaire, dite «gendarme du nucléaire» (ASN), l'annulation du décret d'autorisation du réacteur EPR de Flamanville et la remise en question des nouvelles demandes d'extension des rejets des réacteurs 1, 2 &3.
     S'en suivaient, une information sur le site de l'IRSN (http://www.irsn.fr/2), puis une réponse de l'ASN (www.crilan.fr, rubrique EPR)
     A la lecture de cette dernière, le CRILAN constate qu'à ce jour, bien des incertitudes demeurent quant à l'utilisation du gainage M5 des crayons de combustible Haut Taux de Combustion devant être utilisé dans le réacteur EPR. 
     Plusieurs documents internes au maître d'oeuvre attestent de son abandon (EDF Note d'étude ENCNTCO70112). 
     Pariant sur une réussite, somme toute aléatoire, sur la base d'un rapport préliminaire de sûreté qui stipule bien l'utilisation du gainage M5, EDF a pourtant obtenu l'autorisation de création de l'EPR (DAC), le 10 avril 2007. 
     Mais c'est aussi la faiblesse du dispositif: si l'utilisation de ce gainage M5 ne devait pas, à terme, être retenue pour des raisons de sûreté, EDF devrait alors solliciter une modification de combustible, ce qui logiquement rendraient caduques les autorisations réglementaires, décret d'autorisation de création de l'EPR (DAC) et décret (à venir) des rejets des réacteurs 1,2 & 3 de Flamanville (DARPE). 
     Le CRILAN, membre du collège associatif de la commission locale de Flamanville, qui ne peut admettre une procédure qui consiste à donner une autorisation, avant de connaître précisément quels seront combustible et gainage utilisés dans le réacteur fût-ce au détriment de la sûreté, continuera de suivre les implications réglementaires et juridiques de ce dossier. 

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Qui voudra de l'Energie atomique du Canada?
Gordon Edwards <ccnr@web.ca>
     Le géant français Areva n'est plus intéressé,  estimant les risques trop élevés: Hélène Buzzetti, Le Devoir, 30 juin 2010  Canada 
http://www.ledevoir.com/

Ottawa — Le géant français du nucléaire, Areva, ne souhaite pas du tout acheter «Energie atomique du Canada limited» (EACL). Citant des «risques» significatifs à court et à moyen terme, Areva a renoncé à déposer une offre d'achat auprès du gouvernement du Canada. Un signe, selon certains initiés, que l'agence canadienne ne vaut que des clous et qu'elle ne sera achetée que moyennant d'importantes concessions. 
     En décembre dernier, estimant avoir trop perdu d'argent au fil des ans, le gouvernement conservateur a annoncé qu'il mettait en vente les activités de construction et d'entretien des réacteurs CANDU de sa société de la Couronne. La date butoir fixée par Ottawa pour déposer une offre d'achat d'EACL est aujourd'hui. 
     Selon les informations obtenues par Le Devoir, et contrairement aux rumeurs persistantes, Areva ne sera pas de la partie.
     Selon nos informations, des échanges sont survenus à la fin de l'hiver entre Areva et la firme bancaire Rothschild, le représentant du gouvernement canadien dans ce processus de vente. Areva aurait alors indiqué à Ottawa qu'elle ne souhaitait pas acheter la société de la Couronne, citant des incertitudes et des risques trop importants. Tout au plus Areva se disait-elle disposée à offrir ses services dans la «gestion» de la filière CANDU, dans la mesure où EACL resterait la propriété gouvernementale.
     Etrangement, le gouvernement canadien n'a pas vraiment pris acte de ce manque d'intérêt. Au contraire, il est revenu à la charge en proposant à Areva de former un  consortium pour acheter la société. Pour ce faire, il invitait Areva à soumettre le nom de ses partenaires potentiels afin qu'Ottawa lève l'interdiction de discussion entre soumissionnaires, interdiction d'usage dans ce genre de situation. Selon l'avis d'un observateur très au fait de la situation dans l'industrie nucléaire, cette insistance d'Ottawa démontre que les firmes intéressées par EACL ne se bousculent pas au portillon.
     Le vice-président d'Areva Canada, Jean-François Béland, a refusé de se prononcer sur ces informations. «Nous ne pouvons faire de commentaires sur ces informations, sur le processus ou quelque aspect lié à la restructuration d'EACL actuellement en cours, car nous sommes liés par des accords de confidentialité avec le gouvernement du Canada, l'actionnaire d'EACL, a-t-il expliqué. Nous faisons des affaires, nous ne faisons pas de politique
     Depuis des années, Areva est citée comme un acheteur potentiel d'EACL. Les autres joueurs parfois mentionnés sont GE Hitachi, Westinghouse-Toshiba et SNC-Lavalin. 
     Le ministère des Ressources naturelles du Canada a simplement indiqué hier que le processus «est en cours».
     EACL n'est pas une société rentable. En 2008-2009, dernière année pour laquelle le rapport annuel est disponible, la filière CANDU d'EACL a enregistré une perte nette de 331 millions de dollars. Au total, la société de la Couronne a perdu 413 millions de dollars malgré un financement gouvernemental de plus de 600 millions.
     EACL gère 22 réacteurs nucléaires au Canada, dont deux ne sont plus en activité et trois subissent des mises à niveau. Vingt réacteurs sont situés en Ontario, un au Québec (Gentilly-2) et un autre au Nouveau-Brunswick. EACL gère aussi le réacteur de recherche de Chalk River, où sont produits des isotopes médicaux. Cette section d'EACL n'est pas mise en vente. EACL a vendu ses deux derniers réacteurs à la Chine au début des années 2000.
     Selon John Cadham, professeur à l'Université Carleton spécialisé dans les politiques énergétiques et environnementales, les acheteurs potentiels d'EACL acquerront davantage son personnel hautement qualifié que ses réacteurs.
     «L'attrait d'EACL se trouve dans son service d'entretien de réacteurs et dans son personnel qualifié», dit-il. Selon lui, la société de la Couronne perd beaucoup d'argent à cause de sa structure de propriété l'empêchant de se capitaliser.
Exode de cerveaux
     La venue d'Areva dans cet appel d'offres a fait peur à plusieurs intervenants de l'industrie. Comme Areva utilise une technologie différente de celle d'EACL, on craint que la française ne s'approprie que le savoir-faire et cesse les activités en sol canadien. «De tous les compétiteurs, Areva est celui qui me préoccupe le plus quant à la possibilité qu'il accapare notre talent et ferme notre industrie», a confié récemment à la Presse canadienne Chris Hughes, le président de Laker Energy Products, qui fabrique des composantes de CANDU.

suite:
     Le président du Conseil canadien des travailleurs du nucléaire, David Shier, estime que, si Areva achetait EACL, «ce serait la fin de notre industrie. [...] Il y aurait beaucoup d'emplois en France, mais il n'en resterait pas beaucoup au Canada».
     Fausse crainte, selon le professeur Cadham. «Dans la mesure où le gouvernement canadien veut vendre EACL, je ne pense pas qu'Areva serait le pire des candidats
     C'est néanmoins pour cette raison que la sénatrice Céline Hervieux-Payette déplore cette vente.  Elle estime que le gouvernement devrait conserver le contrôle de cette entreprise.  En plus, fait-elle remarquer, le projet de loi permettant cette privatisation (le projet de loi budgétaire fourre-tout) n'impose aucune obligation à l'acheteur. «C'est un chèque en blanc!»
Contrat suspendu en Ontario
     EACL n'a pas eu de chance pour se rendre plus alléchante auprès des acheteurs potentiels.  L'an dernier, l'Ontario a choisi sa nouvelle technologie pour les deux nouveaux réacteurs nucléaires qu'elle veut acquérir (en soi une bonne nouvelle). 
     Mais du même souffle, la province a mis tout le processus entre parenthèses afin de renégocier à la baisse le prix, que la rumeur place à 28 milliards de dollars. 
     «C'est comme si vous demandiez au premier acheteur d'un iPad d'assumer à lui seul tous les coûts de recherche et développement!», illustre le professeur Cadham.

EN EUROPE IL N'Y A PAS DE RENOUVEAU NUCLEAIRE
http://www.bellona.org/
Veronica Webster, April 15-2010, Bellona

BRUSSELS: Une audition sur le risque de renouveau de la filière nucléaire en Europe s'est tenue au Parlement Européen le 7 avril 2010. Il a été question des 3 projets de réacteurs nucléaires en construction ou planifiés en Europe.
     Tandis qu'un projet est abandonné, un autre est empêtré dans des contraintes légales et le troisième est confronté à des augmentations de prix et des délais de constructions.
L'audition était co-patronnée par une élue Verte allemande au Parlement européen Rebecca Harm et un élu finlandais Sirpa Pietikainen (groupe centre droit), en coopération avec l'Organisation Non Gouvernementale les Amis de la Terre européens.
3 cas ont été examinés:
     - En Slovaquie, les réacteurs Mochovce 3 et 4 ont obtenu leur autorisation en 1980 sous le régime socialiste, partiellement construits avant que la construction soit stoppée au début des années 1990. Le projet est récemment reparti, mais il est basé sur des réacteurs des années 1970 qui ont une protection insuffisante contre les crash d'avion. Le gouvernement s'est d'abord appuyé sur l'Environemental Impact Assessements (EIA) pour affirmer qu'il n'y avait pas besoin de nouvelle autorisation. Comme Patricia Lorenz (Amis de la Terre) fait remarquer que, les EIA supposent que l'acceptation des réacteurs se fasse sans pression exercée sur les ONG et autres groupes. «Mais les EIA ont été mises en place sans considérer de scénario alternatif, on a seulement décidé qu'il fallait faire du nucléaire
     - De même en Bulgarie Belene 4 avait été décidé sous le régime socialiste, mais sa construction n'a jamais commencé. Il s'agit d'un projet très controversé car la région est très sismique. Le réacteur est basé sur les techniques russes qui sont au plan sûreté incapables de faire face à des agressions externes. Actuellement en 2009 la firme allemande RWE propose un nouveau projet. 
     - Pour le 3e cas AREVA a proposé un EPR à Olkiluoto (Finlande) et le considère comme le signal du renouveau nucléaire en Europe. Ce renouveau est frappé par des retards et des hausses de prix. Il essuie les critiques des ONG finlandaises qui ont pointé les manquements du chantier.
     Les déboires de Olkiluoto remettent, donc, en cause ce renouveau du nucléaire européen. En même temps, il semble que la part des autres sources non émettrices de CO2 va croître en Europe vers 2050 et ce à un prix compétitif.
     Compte tenu de la longévité des réacteurs, ceci apparaît être en contradiction avec la mise en route de nouveaux réacteurs qu'il faudra arrêter pour démarrer soit les 4e générations, soit les énergies alternatives!

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