La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°165/166
NOTE DE LECTURE
I - TRANSMUTATION DES DÉCHETS: LES PERSPECTIVES
Analyse de la présentation faite à l'École Joliot-Curie de L'IN2P3 (1996) (M. Sené)


     Le résumé est assez explicite : Après une introduction sur l'origine et la nature des déchets nucléaires, ce cours analyse les différentes méthodes envisagées pour transmuter les isotopes à vie longue en isotopes stables ou à vie courte. Il est montré que les méthodes directes (réactions photonucléaires, spallation, fusion catalysée par muons) ne permettent pas un rendement de transmutation suffisant à un coût acceptable. Seule l'utilisation d'hybrides fusion-fission ou spallation
est envisageable mais la complexité des systèmes est très grande et ils n'en sont qu'au stade de l'étude.
     Analyse de l'introduction
     Il est présenté l'origine des déchets. Evidemment on ne parle que des combustibles irradiés, l'uranium et le plutonium militaire. 
     On décharge environ 1100 à 1200 tonnes de combustibles contenant : 95,5% d'uranium (U), 0,1% de plutonium (Pu), 0,1% d'actinides mineurs (AM), 3,4% de produits de fission (PF). 
     La gestion des déchets est présenté sous 2 options:
     - Le stockage direct dont il est que cela conduit à de grands volumes à stocker et en plus la mise aux déchets de combustible potentiel (U et Pu). Cette présentation est assez caractéristique des erreurs qui sont véhiculées. Les combustibles usés ou les verres représentent un volume équivalent (par tonne d'uranium retraité on obtient 1,1 m3 de déchets de haute activité, contre 1,5 m3 pour le combustible conditionné en l'état) Et on gagne dans l'affaire les résidus du cisaillages (coques et embouts) et du retraitement ainsi que tous les rejets des usines.
     - le retraitement et le combustible MOX
     La preéentation de la transmutation qui précise que de toute façon on ne pourra pas tout transmuter et qu'il faudra stocker est faussée une fois de plus par l'affirmation de réduction de volume à stocker.
     On réduit peut-être la radiotxicité (et pour cela il faut être sûr de ce qu'on forme à la place de l'élément qu'on veut changer) mais on ne réduit pas les volumes.
     Face à ce faible avantage, les inconvenients sont multiples:
     - manipulation des combustibles et transport
     - transformation d'éléments à vie longue en éléments à vie courte conduira à court terme à une augmentation de l'activité.
     - opération complexe au niveau de la séparation chimique (ou même isotopique) puis de la transmutation et donc coûteuse.
     Différents calculs sont menés pour avoir les rendements de transmutations et l'énergie qu'il faut fournir pour transmuter un élément.
     En conclusion:
     - La transmutation par réactions photonucléaires n'est pas envisageable car le rendement de transmutation est très faible sauf si on utilise des flux de photons beaucoup plus intenses que ce que l'on sait faire actuellement. Ces flux intenses génèrent des isotopes à vie longue en quantités importantes, donc on remplace des isotopes à vie moyenne par à vie longue. 
suite:
De plus le bilan énergétique est particulièrement défavorable, par exemple pour transmuter un noyau de Cs137 il faut dépenser presque3 fois l'énergie obtenue en le produisant. 
     - La transmutation par spallation directe (on envoie des protons de un gigaélectronvolt -GeV- sur une cible, ce qui éjecte des particules et laisse un résidu proche de la masse des noyaux de la cible) n'est pas envisageable pour la transmutation des isotopes a vie longue parce que le rendement de transmutation est insuffisant et l'énergie nécessaire est supérieure à l'énergie générée lors de la production des noyaux. 
     - La transmutation indirecte est plus favorable sur les 2 plans rendement et énergie Mais le cout énergétique reste prohibitif. Pour transmuter les PF à vie longue (soit 28% de l'ensemble) il faut dépenser un tiers de l'énergie produite par fission 
     Dans le cours il est envisage des hybrides fusion fission ou spallation-fission. Ces systèmes présenteraient l'avantage de produire en quantité les neutrons dont on a besoin pour transmuter les
noyaux. Le seul inconvenient est qu'ils n'existent pas même sur le papier. Pour les réaliser il faudrait faire des avancées technologiques dont on doit calculer les coûts.
     Il y a aussi une revue des projets mondiaux:
     · américains
     - concept Phoenix : on remplace le combustible oxyde d'un RNR-sodium par de l'oxyde d'AM. Puis on envoie un faisceau de protons. Partant de 2,6 t de AM on obtient 1,05 t de PF et 1,55 t de Pu (sic !)
     - concept Los Alamos : réacteur à sels fondus (Lithium-Béryllium). Certains calculs avec un incinérateur des actinides dans un mélange au Thorium, se donnent 30 ans pour résorber le stock d'AM générés par les REP actuels. Pour ce faire il faut remplacer les REP par ces systèmes au rythme de 3 par an.
     · japonais
- programme OMEGA: il pourrait transmuter 250kg/an de transuraniens (en France on en a 1,1 t/an dans nos 1100 t de combustible retraitable)
     · françaises
     études au CEA-Cadarache, hybride sels fondus à neutrons rapides et cycle thorium (incinération du Pu, 5,5 t et transmutation du technétium 6t en 50 ans)
     Projet INCA au CEA-Saclay dans un système sans uranium, ni plutonium ni thorium, transmutation des AM.
     En conclusion les perspectives sont donc nulles, à mon avis, sauf en terme de recherche.
     En ce qui concerne les déchets, la seule voie est de les diminuer, sachant que les combustibles représentent peu sur l'ensemble des déchets : résidus de mines, démantèlement des réacteurs, cuves de réacteurs, générateurs de vapeur, etc.
 
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II - LE RADON
 
3 publications sur ce sujet:
     1) le RADON publication de l'OMS à demander au Bureau Régional de l'OMS - 2100 Copenhague - Danemark
     Il est indiqué dans cette publication où il est possible de s'adresser pour faire faire des mesures chez soi:
- IPSN - BP 6 - 92265 Fontenay aux Roses Cedex
- DOSIRAD Sarl - Villa Parc - rue Lech Walesa - 77185 Lognes,
-CAMBERRA Electronique - av de l'Etain - 77167 Savigny le Temple,
- ALGADE - RN 20- BP 46-87250 Bessines sur Gartempe,
- CRII-rad - immeuble CIME - 471 av Victor Rugo - 26000 Valence.
     2 et 3) Le radon dans les bâtiments (rapport IPSN/97-04), à demander à l'IPSN
A noter également un document de la Gazette 105/106 (1991)
     Le Radon dans l'environnement, livre publié par l'IPSN, édition EDP Sciences
     Analysons le rapport IPSN:
     Après l'introduction suivante:
     Le radon, gaz radioactif d'origine naturelle, est présent partout à la surface de la planète. Il peut s'accumuler à des concentrations élevées dans les espaces confinés (bâtiments, mines souterraines, etc..). L'ensemble de la population est ainsi exposée au radon. Durant ces dernières décennies, plusieurs études menées dans différents pays ont montré que l'inhalation de quantilés importantes de radon augmente le risque de cancer du poumon. Ce gaz reconnu comme cancérigène pulmonaire par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
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     Il existe donc, de façon générale, un risque sanitaire potentiel lié à l'exposition au radon, à prendre en compte aussi bien dans le cadre professionnel que dans l'habitat.
     Le 13 mai1996, le Conseil de l'Union Européenne a adopté la nouvelle directive Euratom fixant les normes de bases relatives à la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers résultant des rayonnement ionisants (directive 96/29/Euratom, JOCE L-159 du 29 juin 1996). Les Etats membres ont jusqu'au 13 mai 2000 pour la transposer dans leur législation nationale. Le champ d'application de la nouvelle directive a été élargi aux activités professionnelles qui impliquent la présence de sources naturelles de rayonnement entraînant une augmentation notable de l'exposition des travailleurs et des personnes du public. On parle de radioactivité naturelle "renforcée". La présence de radon dans les locaux professionnels constitue un exemple de radioactivité naturelle renforcée pouvant affecter les travailleurs et le public. Le radon est également présent dans les habitations (radon domestique). La directive sur les normes de base ne s'applique pas au radon domestique mais celui-ci est concemé par un autre texte Euratom, la recommandation de la Commission 90/143/Euratom du 21 février 1990 (JOCE L-80 du 27 mars 1990). Le risque lié au radon dans les habitations fait en outre l'objet de mesures de prévention dans plusieurs pays. Dans ce contexte ce document a pour but de servir de guide pour la gestion du risque radon sur les lieux de travail, conformément aux dispositions communautaires, ainsi que dans les habitations, compte tenu du risque associé. Le document ne traite pas des cas de concentrations forte de radon sur les sites où ont eu lieu la fabrication, la manipulation ou le stockage de sources de radium. Ces situations doivent faire l'objet d'études particulières.
ANNEXE 2

     Recmmandations des organisations internationales
     1 - CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique)
     Dans sa publication 65 (1993) consacrée à la protection contre le radon 222 dans l'habitat et dans les lieux de travail, la CIPR met en avant la notion de zones propices au radon à définir (par ex: celles où plus de 1% des habitations présente des concentrations dépassant 10 fois la concentration nationale moyenne) et sur lesquelles les actions devraient être focalisées. Elle propose des plages pour des niveaux d'action respectivement de 200 à 600 Bq/m3 pour les habitations et de 500 à 1500 Bq/m3 pour les locaux professionnels (dans les 2 cas, ces plages correspondent, pour un facteur d'équilibre de 0,4 à une fourchette de 3 à 10 mSv/an mais en tenant compte d'un temps de présence de 7000 h/an dans les habitations et de 2000 h/an dans les locaux professionnels). Elle préconise une intervention d'autant plus urgente que ces niveaux sont largement dépassés, de façon à maintenir un niveau de concentration bien en dessous des niveaux d'action. 

 (suite)
suite:
     Elle recommande enfin l'adoption de critères de construction garantissant des bas niveaux de concentration.
     2 - OMS (Organisation Mondiale de la Santé)
     Dans le rapport d'un groupe de travail de l'OMS publié en 1996, est considéré comme inacceptable, dans une société industrielle moderne, un risque sanitaire annuel pour les individus dépassant le 1 pour 1000. Le rapport précise que l'état actuel des connaissances conduit à considérer qu'un risque sanitaire de cet ordre de grandeur correspond à des concentrations de radon dans les maisons d'environ 1000 Bq/m3 et que les concentrations au dessus de cette valeur doivent être évitées chaque fois que possible.
     3 - EURATOM (Communauté Européenne de l'Énergie Atomique)
     La recommandation de la Commission 90/1 43/Euratom du 21 février I 990, relative à la protection de la population contre les dangers résultant de l'exposition au radon à l'intérieur des bâtiments, préconise l'établissement d'un système approprié de réduction de toute exposition de radon à l'intérieur des bâtiments, en mettant l'accent sur l'information de la population. La Commission recommande en outre:
     - des niveaux de référence fixés à 400 Bq/m3 pour les bâtiments existants et à 200 Bq/m3 pour les constructions futures,
     - l'application du principe d'optimisation (= réduire les expositions aussi bas que raisonnablement possible compte tenu des facteurs économiques et sociaux) lors de la mise en oeuvre d'actions correctives ou préventives,
     - la prise de décisions sur la base des moyennes annuelles des activités volumiques mesurées à l'aide de techniques à intégration,
     - l'établissement de critères permettant d'identifier les régions, sites et procédés de construction allant de pair avec des concentrations élevées de radon.
     En conclusion, demandez ce rapport à l'IPSN car le risque Radon est un risque réel dont on peut s'affranchir par des méthodes assez simples quand il s'agit d' une habitation. En revanche l'assainissement des carreaux de mines et des vieux sites posent de nombreux problèmes.
     L'IPSN estime à environ 60'000 les habitations individuelles en France (0,4% du parc) pour lesquelles l'activité volumique dépasse 1'000 Bq/m3, à environ 300'000 (environ 2% du parc) celles pour lesquelles l'activité volumique dépasse 400 Bq/m3 et à environ 1'250'000 (environ 8,5% du parc) pour les quelles l'activité volumique dépasse 200 Bq/m3. Pour l'habitat collectif, il y auroit environ 200'000 au-delà de 200 Bq/m3 dont 40'000 ou-delà de 400 Bq/m3.
     Il est grand temps de s'attarder sur Nogent sur Marne et son école, ainsi que sur Saint Nicolas d'Aliermont et probablement d'autres sites où on a fait joujou avec le radium. Des sites où on a fait de l'horlogerie, des sites où on a fait je ne sais quoi quand on jurait que la radioactivité était bénéfique pour l'homme...
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