septembre 2017 • Raymond Sené

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Mot d’humeur de Raymond Sené

La cuve de l'EPR "présente la garantie, avec une raisonnable assurance, de l'absence de défauts inacceptables".

Cette formule figurait sur une page de présentation lors du grand déballage sur les résultats d'analyse de la cuve de l'EPR, les 26 et 27 juin 2017.

Cela résumait ce qui sortait de cette assemblée de ... (no comment !).

Pendant toute la première journée, des experts (ex pairs) de tous bords ont gravement débattu des caractéristiques mécaniques du couvercle et de la calotte de fond de la cuve de l'EPR.

Une journée pendant laquelle ils ont gravement - sérieusement si j'ose dire - expliqué que les mesures effectuées sur des prélèvements provenant de calottes représentatives, permettaient de donner un feu vert.

Calottes représentatives ??? de quoi ??? Sachant que les forges de Creusot - AREVA n'étaient pas capables de respecter les critères de fabrication, il faut être gonflé pour affirmer que 2 coulées ont rigoureusement les mêmes caractéristiques.

Le couvercle, avec sa tripotée de trous, aurait pu fournir des échantillons pour les mesures ... mais le service de nettoyage avait tout jeté ....

Soit ! Les résultats de ces mesures étaient présentés sous forme de nuages de points qui devaient être positionnés "bien comme il faut" par rapport à une courbe de référence.

Alors nous eûmes droit à de brillantes divagations sur la façon de déplacer astucieusement ladite courbe.

Un élève de terminale S aurait pu leur poser une question élémentaire : "vos points de mesure expérimentaux n'ont-ils pas des incertitudes, ce qu'on appelle à l'école des "barres d'erreur" ?

C'était du grand n'importe quoi, l'art de se donner bonne conscience en énonçant un verdict conforme aux desiderata (ce qui pour nos ex pairs, sont des désirs de rata ! ) de l'industriel, de l'intérêt supérieur d'un fleuron de l'industrie nationale ...

Les représentants des divers clients étrangers potentiels, présents à cette représentation, ont dû avoir un sentiment de confiance absolue dans ce qu'on essaie de leur vendre.

Le résultat des courses : C'est comme dans la chanson "Tout va très bien Madame la Marquise ... mais il faut que l'on vous dise, on déplore un tout petit rien ...."

Le couvercle est très suspect ... boff, on va quand même démarrer avec ... mais on prévoit de le changer dans 6 ou 7 ans.

Le fond est également très suspect .... mais on ne peut pas le changer, il est soudé à la cuve et ... donc, on estime qu'étant moins irradié que le couvercle, on va continuer avec (jusqu’à la rupture ?)...

Tout cela, dixit l'Autorité de Sûreté, en donnant à EDF des consignes pour ne pas brutaliser la bête.

J'essaie d'imaginer le client qui vient d'acheter une Ferrari et à qui le vendeur, sachant que le moteur a eu des problèmes de fabrication, s'entend recommander de ne pas prendre de passager de plus de 30 kg et de ne pas rouler à plus de 50 km/h.

La suggestion que je faisais lors de l'enquête publique, pour s'assurer du bon fonctionnement éventuel du système de récupération de corium, placer à côté de la porte fusible une statue de saint Pellerin, cette option va devenir quasi indispensable vue l'augmentation des risques de percement de la cuve, malgré la raisonnable assurance !!...