04/03/2017 •

Déchets nucléaires :
alerte aux remblais radioactifs
Ma Terre (Frédéric Mouchon)
04 mars 2017

Les militants de la Criirad ont relevé des taux de radioactivité «de 10 à 50 fois supérieurs à la normale» dans des sites qu’Areva est censé avoir décontaminés.

Des taux supérieurs à la normale ont été relevés près d'anciennes mines dans toute la France.

Avant que la dernière ne ferme en 2001, la France comptait jusqu'à 200 mines d'uranium réparties dans 25 départements. L'Hexagone en subit encore aujourd'hui les conséquences. «Des sites théoriquement décontaminés par Areva présentent une radioactivité 10 à 50 fois supérieure à la normale», a accusé vendredi la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), qui a effectué des contrôles radiamétriques autour de plusieurs anciens lieux d'extraction.

D'après cette association écologiste, 180 millions de tonnes de roches faiblement radioactives ont été déblayées lors des opérations d'extraction de l'uranium, ce minerai utilisé dans les centrales nucléaires. Les déblais ont été disséminés dans le passé sur des centaines de sites dans l'Hexagone.

Les déblais ont été utilisés pour construire chemins ou parkings «Bien que radioactifs, ils ont été réutilisés pour la construction de plates-formes, chemins, routes, parkings [...], exposant le grand public à des doses de radiations significatives», affirme la Criirad, qui a mené une enquête de terrain avec des membres du collectif Mines d'uranium. Les militants ont ciblé des sites où Areva était censé avoir mené des travaux d'assainissement. Exemple en bordure de zones décapées par Areva en décembre sur des chantiers situés en Loire-Atlantique : «Le taux de radiation en contact du sol reste 30 fois supérieur à la normale sur un chemin de la commune de Guérande qui conduit à un gîte et 50 fois sur un parking de la commune de Piriac-sur-Mer», affirment les associations. Dans la Loire, c'est «un centre de loisirs qui n'a pas été assaini correctement» d'après la Criirad. Et dans le Puy-de-Dôme, les contrôles des militants associatifs ont montré une «radioactivité 20 fois supérieure à la normale» devant une grange.

Areva ne voit pourtant rien d'alarmant à ces résultats. «Il n'y a aucun risque pour la santé car nous respectons les règles de nettoyage que nous fixe l'Autorité de sûreté nucléaire et prenons en compte l'impact dosimétrique du site, une fois traité, en fonction de scénarios d'exposition réalistes de la population, explique un porte-parole de l'entreprise. On sait très bien qu'une personne ne vit pas 24 heures sur 24 sur un parking ou sur un chemin.»

«En matière d'exposition, plus on augmente les doses de rayonnement reçues par l'organisme, plus on accroît les risques sanitaires, souligne Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Criirad et ingénieur en physique nucléaire. Ces remblais resteront radioactifs pendant des milliards d'années et rien ne justifie que l'on en laisse traîner derrière nous, devant des maisons ou dans la cour d'un restaurant.»

Commentaire

Après les travaux du Groupe d’Expertise Pluraliste pour les mines, il avait été décidé une reprise de tous les sites. Mais AREVA étant en banqueroute, quelques sites ont été traités et il reste beaucoup à faire. Je ne suis même pas sûre que tout les sites soient munis d’une commission de suivi qui peut demander des dossiers, obtenir une réunion en s’adressant au Préfet (président de cette commission). Il me semble également que quelques sites (en Bretagne par exemple) ne sont toujours pas répertoriés.